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Auteur cherche à explorer d'autres univers

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  • Un ancien libraire reconverti en faiseur d’histoires pour Internet, la radio, la BD, l’édition... N'hésitez pas à me soumettre vos projets d'écritures. J'étudie toute demande de collaboration.
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15 juin 2007

ROUGE SANG

C'est parti ! Je me jette dans le canal ! Le canal blog... Un espace où je vais mettre en ligne mes différents travaux d'écritures, pour vous faire partager mon univers... Les mots comme lampe de poche pour explorer ma planète ! On se cale bien au fond du siège, attention au décollage...

Rouge sang

dramatique radiophonique diffusée sur France Inter le 28 avril 2007

Une dramatique radio, c'est quoi ? Des comédiens enregistrant le texte en studio, avec un bruiteur, un réalisateur ect... C'est comme un film, mais sans l'image... Juste le son... Alors fermez les yeux... Un peu de noir pour vos nuits blanches...

Scène 1. Dans le chai du Château Duval

Robert : La robe, brique, est intense et profonde, presque grenat. (Il respire). Des arômes de cerises noires, très présents, de truffes aussi.

Pierre : Adieu mon ami !

Scène 2. Dans un bureau de rédaction en pleine ébullition, au siège de "l’œil de Bacchus".

Robert : Swann, j’ai une enquête à te confier.

(Silence)

Scène 3. Dans les vignes, pendant les vendanges, au milieu de l’après-midi.

Swann : J’ai le dos en compote. C’est ma première journée et je suis déjà cassé de partout.

(Il s’éloigne)

(Silence). Alors ?

Scène 4. La salle des cuves. On entend le ronronnement des moteurs. Il y a beaucoup de bruits.

Swann : Voilà... Je suis dans la place et on va enfin savoir ce que tu caches ici Duval... C’est quand même mieux si je mets le dictaphone en marche… Je m’approche des cuves… (Il marche en même temps, il chuchote)… Tout est impeccable, elles sont thermo régulées et ronronnent comme des chatons, la fermentation malolactique est en route... Il n’y a plus personne à cette heure et je vais en profiter pour essayer de percer le "mystère" de Duval… Quand je pense que tout le boulot de la journée est dans ces grands machins en inox… C’est propre, ultra moderne, bravo pour la technique… Merde ! (Il se cache).

Scène 5. Les caves du Château Duval. Brouhaha. Musique.

Swann est au téléphone. On entend au loin les bruits d'une fête.

Jeanne

: Y’avait deux filles qu’étaient en train de glaner. Y’en a une qui dit " j’crois bien que j’en ai quasiment un seau ". L’autre lui demande ce que ça veut dire " quasiment ". " Et bien si t’avais mon nez entre tes deux fesses, tu l’aurais quasiment dans ton cul ".

" Ah l'envie me démange d’aller en vendanges, d’aller en vendanges,

Et de grapillonner dans ton p’tit panier, dans ton p’tit panier ! "

Jeanne : Vous en faites pas pour la petite, elle a la tête qui lui tourne un peu, c’est tout.

(On entend des hurlements)

Scène 6. Dans le chai.

Julia : Vous êtes toujours fidèle au rendez-vous, Robert. Même jour, même heure.

(Silence).

Julia

(ironique): Oh désolée... Je vous ai raté... Mais... Je peux viser beaucoup mieux que cela...

Julia

: Je sais Lucas, je sais... Adieu, Swann...

Lucas

: Votre père aurait été fier de vous.

Julia

: Oui, Lucas. Tu peux nous débarrasser du corps. Le secret est de nouveau en sécurité.

Lucas

: Vous avez terminé, Julia ?

(Troisième coup de feu). (Arrivée de Lucas).

Julia

: ... Mais cette année c'est un vrai !

Robert

: Pitié !!

Julia

: Vous m'avez fait grandir trop vite Robert. L'enfant que j'étais l'année dernière aurait eu un pistolet en plastique dans les mains...

Robert

: Ahh... Ma jambe...

(Nouveau coup de feu)

Robert

: Vous êtes complètement cinglée ! Ecoutez... Restons-en là... Je ne reviendrais plus... Je vous mettrais 100/100 tous les ans, sans même le goûter... Sans...

(Premier coup de feu. Elle vise au-dessus)

Robert

(riant toujours) : Nous ne sommes pas dans la cour de l'école. Posez cette arme et retournez faire vos devoirs...

Julia

: Vous riez, Robert ?

(Rire de Robert)

Julia

: Je lui ai dis : je te le jure papa !

(Silence)

Julia

: Et vous savez ce que je lui ai répondu ?

Robert

: Je vois que vous avez aussi hérité du franc parler de votre père.

Julia

: Vous êtes une crapule. Swann a été sacrifié, juste pour satisfaire votre curiosité.

Robert

: Je ne comprends pas...

Julia

: De ne pas vous laisser vous en tirer comme ça.

Robert

: De continuer son œuvre ?

Julia

: Vous savez ce qu'il m'a fait jurer avant de mourir ?

Robert

: Votre père m’y a poussé… Si seulement il m'avait fait partager son secret plus tôt.

Julia

: C’est vrai qu’il ne vous aime pas. Il n’a pas digéré le coup de l’année dernière.

Robert

: Toujours aussi aimable, celui là.

(Lucas s’en va).

Julia

: Je dis adieu à notre ami et je te rejoins.

Lucas

: Je dois vous laisser, Julia, il faut que j’y retourne.

Julia

: .Ne me faites pas croire que nous vous avons vexé Robert.

Robert

: Ne vous gênez pas pour moi tous les deux !

Julia

: Allons Lucas, il a des excuses, pense à ... Son petit confort...

Lucas

: Hélas oui. Il y a une époque où on fusillait les espions...

Julia

: Lucas, tu connais Robert Lestage ?

Lucas

: Julia, il faut que vous veniez, les camions sont là…

(Entrée de Lucas)

Julia

: Je ne vous crois pas.

Robert

: Pourtant je regrette pour Swann...

Julia

: Allons, vous n'avez jamais eu de scrupules.

Robert

: Il n’est pas le premier à foutre le camp du jour au lendemain. A son âge, c’est normal. Un sac à dos, et hop, on part explorer le monde. Personne à la rédaction ne savait qu’il enquêtait chez vous. C’était pourtant un bon journaliste.

Julia

: Comment a été perçu sa disparition au guide ?

Robert

: … Si je l'avais laissé faire, la réputation du guide était foutue. Vous êtes notre "coup de cœur" depuis des années... Et j'ai tout avoué à votre père. Nous ne pouvions pas faire autrement. Ce fut un accident malheureux.

Julia

: … Vous l'avez assommé, en sachant bien que les gaz de fermentation feraient rapidement leurs effets.

Robert

: Swann ne m'a pas laissé le choix. J'ai eu peur, c’est vrai. Que voulez-vous, on s’habitue à son petit confort... Et quand j’ai compris que notre monde pouvait s’écrouler pour un article…

Julia

: Vous avez retenu la leçon de papa.

Robert

: Le vin doit passer avant tout. Pour lui, nous devons être prêts à prendre tous les risques.

Julia

: Elles l'ont été pour Swann...

Robert

: Bien sur, mais sans moi les conséquences auraient pu être beaucoup plus lourdes.

Julia

: Vous n'avez jamais eu de remords ?

Robert :

Un gosse brillant mais têtu...

Julia

: Vous remuez le couteau, Robert...

Robert

(il goute encore) : Swann aurait adoré ce vin...

Julia

: C’est vrai. L’année dernière, il avait la classe et l’élégance d’un élève officier. Franc, massif, mais terriblement séduisant. Il avait été beaucoup plus difficile à faire.

Robert

: Un vin de grande qualité mais encore perfectible. Il est très différent du millésime précédent.

Julia

: Presque !

Robert

: Comme pourrait l’être un journaliste ?

Julia

: Je trouve que cette année ce vin a du fruit, de la jeunesse et de la vigueur. Un petit côté curieux aussi.

(Silence).

Robert

: Votre fameux secret…

Julia

: Il ne faut pas... Vous savez, j'ai muri ces derniers mois, et beaucoup plus vite que le raisin. J'ai hérité de tout : Le chai, les vignes, le secret...

Robert

: J'ai appris pour sa maladie... Je suis désolé.

Julia

: C'est de famille. Il suffit de faire les bons mélanges aux bons moments. Mon père a pu terminer ma formation avant de mourir.

Robert

: Même réussite. Même note… Bravo Julia, vous avez le même talent que votre père.

Julia

: Alors ?

(Ils dégustent)

Julia

: Alors buvons pendant qu’il est encore temps !

Robert

: Et à mon âge, elle compte double.

Julia

: Déjà…

Robert

: Mais avec une année de plus.

Julia

(hurlant) : Swann ! Swann ! (sa voix se perd dans le lointain).

Lucas

: ... Il est mort, monsieur...

Julia

: Papa... C'est... C'est Swann... Il... Il est...

Pierre

: Julia, ma chérie, tout va bien ?!

(Ils descendent tous les escaliers)

Jeanne

: Ca vient de la salle des cuves.

Pierre

: Julia ! Que se passe-t-il ?!

Julia

: Ahhh !!! Au secours !!! Venez vite !!!

Jeanne

: Elle va le reprendre comme il faut le flambeau, j'en suis sure.

Pierre

: C'est le métier qui rentre. Elle aura bientôt de très lourdes responsabilités...

Pierre

: Robert voulait visiter les installations, seul. Maintenant que les raisins sont dans les cuves, je n'y ai pas vu d'objection... Et puis il a des choses à mettre au point. Ma fille ne se sent pas bien Jeanne ?

Jeanne

: Si ça peut t'éclaircir les idées... Oh ! Vous revoilà monsieur Duval. Votre rendez-vous n'a pas trainé...

Julia

: Et c'est parfois lourd à porter... Bon... Je vais aller prendre l'air moi aussi... A tout à l'heure, Jeanne.

Jeanne

: C'est pas facile pour lui, tu es l'héritière du domaine...

Julia

: Merci ma Jeanne. Il veut toujours tout diriger tu sais, même ma vie...

Jeanne

: Tu sais que tu peux compter sur moi ma puce... Je suis une tombe.

Julia

: Ne t'inquiète pas pour moi, je suis assez grande, mais surtout ne dis rien à papa.

Jeanne

: Il est pas de chez nous. Fais attention Julia.

Julia

: Il est vraiment mignon...

Jeanne

: Oh, avec lui on ne sait jamais... Y'a que le boulot qui l'intéresse... Et toi, on dirait que le nouveau t'a tapé dans l'œil ?

Julia

: Il est toujours amoureux de toi, pas vrai ?

Jeanne

: Il veut s'aérer l'esprit, le vin lui fait dire des bêtises.

Julia

: Où va Lucas ?

Jeanne

: Surtout que la ventilation ne marche pas très bien ces temps-ci...

Lucas

: Je vais aller voir, elles sont en fermentation. Je ne voudrais pas qu'il lui arrive la même chose qu'à Marcel...

Jeanne

: Il se dirigeait vers les cuves.

Lucas

: Parce que tu crois que ça m'amuse... Où il est passé d'ailleurs ?

Jeanne

: J'aime pas le voir trainer autour de la môme Julia.

Lucas

: Pourquoi tu dis ça ?

Jeanne

: T’avais raison pour Swann, il est pas net.

Lucas

(il arrive) : Que veux tu ma belle ?

Jeanne

(Elle appelle) : Lucas ! Viens un peu par ici.

(Disparition de Swann et arrivée de Jeanne)

Swann

: Il faut toujours obéir à la fille de son patron...

Julia

: Eclipse-toi discrètement et retrouvons nous dans les vignes d'ici un quart d'heure.

Swann

(surpris et gêné) : Ici ? Devant les autres ?

Julia

: Je n’en sais rien... Et ça ne m'intéresse pas. Par contre, j'ai très envie de faire l’amour…

Swann

: Robert Lestage Que fout-il ici ?

(Pierre Duval s'éloigne)

Pierre

: Ne te fie pas aux apparences. Il aboie, mais jamais trop fort. Bon... Je vous laisse les enfants... J'ai Robert Lestage de "l'œil de Bacchus" qui m'attend dans mon bureau.

Swann

: Bah, c’est-à-dire, il n’a pas l’air de m’aimer beaucoup...

Pierre

: Ca t’étonne ?

Swann

: Ah oui ?

Julia

: Papa est content de toi, tu sais. Lucas lui a dit que tu avais fait du très bon travail.

Swann

(il commence à être légèrement saoul) : Le rêve monsieur Duval. Une semaine de vacances… Le soleil… L’exercice physique… Et ce vin…

Pierre

: Alors Swann, ces premières vendanges… Tes impressions sont bonnes ?

(Il lui court derrière, elle glousse).

Lucas

: Comment j’pourrais. Ça fait trente ans que je te reluque entre les rangs. D’ailleurs, ce soir, je me déclare. Viens là que je t’attrape.

Jeanne

: Et nous, tu nous oublies…

Lucas

: Voilà, c’est comme ça que je les aime mes vendangeurs. C’est des hommes.

Tous

: Et glou, et glou, et glou.

Swann

: Vous l’aurez voulu, mais je ne réponds plus de rien (il boit).

Jeanne

: Allez gamin, d’une traite !

Pierre

: Ce vin, c’est aussi le tien, il y a ta sueur dans les cuves. Ce soir, vous buvez ce que vous voulez, comme vous le voulez.

Swann

: Du Château Duval… Cul sec…

Jeanne

: C’est sûr qu’avec nous, tu vas apprendre la vie. Allez petit, fais comme moi, (elle boit).

Swann

: J’essaie de suivre le rythme mais je n'ai pas la même descente que vous autres.

Julia

: Allez, Swann, détends toi, ce soir tout est permis, c’est la fête des vendangeurs.

Jeanne

: Y’a que le nouveau qui chante pas.

(Ils reprennent tous en chœur ce couplet)

Lucas

: D’accord… Celle-ci, vous la connaissez tous :

Tous en chœur

: Lucas, une chanson ! Lucas, une chanson !

Jeanne

: Dis donc Lucas, t’es pas le dernier à pousser la chansonnette, surtout quand t’as un p’tit coup dans le nez.

Lucas

: Elle est douée pour les histoires, notre Jeanne.

(Rire général).

Retour dans la grande pièce

Swann

(il chuchote) : C'est moi patron. Quand vous aurez ce message vous n’allez pas en revenir ! On le tient. Ce truc, c'est ENORME ! Personne n’aurait pu imaginer ça. Ecoutez. Chaque année le père Duval envoie ses émissaires dans toute l'Europe de l'Est. Ils analysent les parcelles de pinot noir les plus proches de leur typicité et quand ils tiennent la perle rare, ils achètent incognito une partie de la production. Les raisins arrivent par camion et sont mélangés à ceux du Château Duval. Ni vu ni connu. Cela explique qu'ils ne connaissent jamais d'années moins bonnes... C'est incroyable... Le système est bien rodé, et ils sont tous plus ou moins complices là dedans ! Bon, je dois vous laisser, faut que je retourne à la fête...

Lucas

(bas, pour lui) : " je ne fais pas de sentiments Lucas, je fais le meilleur vin du monde ! ". Tant pis pour toi petit.

Swann

: Comptez sur moi, je ne serais pas le dernier.

Lucas

: Et puis après, y’aura la poêlée… Il vaut mieux être en forme pour lever le coude avec les autres.

Swann

: Oui ?

Lucas

: Swann ?

(Il s’éloigne)

Swann

: J’y vais… Bonne nuit.

Lucas

: N’en rajoute pas. Tire-toi d’ici !

Swann

: Je serais là dès l’aube, et en pleine forme.

Lucas

: C’est la dernière journée demain, il ne faudra pas dormir entre les rangs !

Swann

: J’y cours…

Lucas

: Fous moi le camp au dortoir !

Swann

: Je n’arrivais pas à dormir, alors je me suis dis que tant qu’à faire, puisque ce sont mes premières vendanges, autant aller voir le fonctionnement des machines, pour comprendre, enfin vous voyez…

Lucas

(furieux): Tu traînes autour des cuves au milieu de la nuit, je peux te virer pour ça !

Swann

(il sursaute) : Lucas !

Lucas

: Qu’est-ce que tu fous ici ?!!

(Lucas arrive par derrière)

Swann

: Il faut que je la joue fine, mais faites moi confiance, ça va aller. Je dois raccrocher, il y a quelqu' un qui approche.

Robert

: Le cerbère de Duval…

Swann

: Je ne crois pas, mais je suis nouveau, et donc surveillé. Lucas a toujours un œil sur moi. C’est lui le vrai danger.

Robert

: On te soupçonne ?

Swann

: Plus que jamais. Je vais aller fouiller le bureau de Duval maintenant. J’ai réussi à emprunter les clés…

Robert

: Tu es décidé à aller au bout n’est-ce pas ?

Swann

: Mais avec une histoire pareille, ma carrière est lancée !

Robert

: Tu n'as pas idée des intérêts qui sont en jeu.

Swann

: Vous plaisantez là ?

Robert

: (Silence). C’est tout un monde qui va s’écrouler, Swann… (Silence). Il faut stopper cette enquête. Rentre à Paris dès demain.

Swann

: Je vais dynamiter la rédaction avec ça.

Robert

: Le Château Duval, des tricheurs…

Swann

: C’est gros, c’est très gros cette affaire là !

Robert

: Je le savais ! Ce n’était pas possible autrement… On ne peut pas aller contre la nature !

Swann

: Sûrement ce genre là.

Robert

: Substances chimiques ?

Swann

: J’ai surpris une conversation entre Duval et son garde chiourme. Je n’ai pas tout saisi, les machines tournent à fond, ça fait un sacré boucan, mais apparemment y'a vraiment un truc qui cloche, une histoire de camions... Ce n’est pas très net mais comptez sur moi pour remuer la merde.

Robert

: Qu’as-tu découvert exactement ?

Swann

: Certain !

Robert

: Tu en es sûr…

Swann

: Vous aviez raison patron. Ils trafiquent.

Robert

: Swann !

Swann

: C’est moi, Robert.

Robert

: Robert Lestage j’écoute.

(Il compose un numéro de téléphone)

Swann

(toujours chuchotant) : Le scoop, je le tiens ! Ah, ils ne vont pas en revenir là-bas. Swann fait tomber le Château Duval… Je vois déjà les gros titres… Je suis le meilleur !

(Ils s’éloignent)

Lucas

: Bonsoir, monsieur.

Pierre

: Et moi monter me coucher. Bonne nuit, Lucas.

Lucas

: Si vous le permettez je vais aller régler les derniers détails.

Pierre

: Je n’en doute pas.

Lucas

: Craignez rien. Tout ira bien.

Pierre

: Je ne fais pas de sentiments Lucas, je fais le meilleur vin du monde !

Lucas

: Vous seriez prêt à aller jusqu'à...

Pierre

: Ne t'en fais pas. Je ne l'ai pas encore mise au courant de nos petits secrets, elle est encore trop jeune pour ça. Ecoute, je ne veux pas prendre de risques. Si tu as le moindre doute avec le gamin...

Lucas

: Et puis y'a autre chose. Julia l'aime bien et... Elle pourrait parler...

Pierre

: C'est un gosse. Il n'y a rien à craindre.

Lucas

: Il pose trop de questions à mon gout.

Pierre

: Que s’est-il passé ?

Lucas

: Je fais de mon mieux. (Silence). J'ai juste des doutes sur le nouveau, Swann...

Pierre

: Je connais ta fidélité au Château Duval. Tu es irremplaçable.

Lucas

: Vous pouvez compter sur moi, monsieur.

Pierre

: Bien… Bien… Nous allons faire un grand millésime cette année, et tu y mettras la touche finale, Lucas.

Lucas

: Ils n’ont croisé personne en arrivant. Phares éteints, comme d’habitude.

Pierre

: Des commentaires au sujet des camions ?

Lucas

: Tout se passe comme prévu.

Pierre

: Où en est-on ?

Lucas

: Ouais… Jette un œil sur lui, c’est tout. (Fort). On change les équipes. Julia, tu vas avec Renée, on va mettre Jeanne avec le nouveau.

Jeanne

: La dernière fois qu’t’as pas senti quelqu’un, Marcel a pris sa retraite.

Lucas

: J’ai un problème avec le nouveau. Je le sens pas.

Jeanne

: J’t’écoute Lucas.

Lucas

: Ouais, j’en suis pas sûr... (Il s’éloigne). Jeanne, viens voir par ici.

(Elle approche).

Swann

: Compris.

Lucas

: Tu lui racontais quoi à Julia ? T’auras l’occasion de lui chanter ta chanson à la poêlée. En attendant, je veux plus t'entendre. Compris ?

Swann

: Rien. Y’a rien.

Lucas

: Et le nouveau, les questions, je te l’ai déjà dit, c’est à moi que tu les poses !

(Lucas est maintenant très proche)

Julia

: Papa ne préfère pas en parler. Cette histoire a été terrible à vivre pour lui.

Swann

: Mais je croyais qu'il avait pris sa retraite ?!

Julia

: Il nettoyait les cuves et... Les gaz de fermentation l'ont tué en quelques minutes... C'est horrible, mais ces accidents arrivent...

Swann

: Que lui est-il arrivé ?

Julia

: Lucas est un vieux de la vieille. Il remplace le pauvre Marcel.

Lucas

(On entend sa voix. Il est assez loin) : Réveille-le Julia ! Vous êtes à la traine tous les deux. Allez du nerf, bon sang ! Nous devons finir cette parcelle avant ce soir. Ils prévoient de l’orage à la météo.

Julia

: Je ne sais pas. En tout cas il doit avoir ses raisons.

Swann

(ironique) : Il a peur des espions

Julia

: Les nouveaux ne font qu’une saison. (Silence). C'est papa qui a décidé ça.

Swann

: Pourquoi ? Et si je veux recommencer l'aventure ?

Julia

: Ce n’est pas possible.

Swann

: Arrête, ou bien je vais devenir aussi rouge que ce raisin et si tu continues, tu vas me donner envie de revenir l'année prochaine...

Julia

: Exact. Je passais dans le couloir pendant ton entretien d'embauche et...

Swann

: C'est la fille du patron qui a fait pression, c'est ça... ?

Julia

: Et puis t'es mignon...

Swann

: Oui, sans doute.

Julia

: Il devait y avoir une place à prendre. Ta motivation a convaincu Lucas.

Swann

(ironique) : L’un d’entre vous est mort à la dernière minute ?

Julia

: Ce n’est pas à moi de le dire.

Swann

: Si c’est ça, qu’est-ce que je fous ici alors ?

Julia

: Ils sont fidèles c'est tout. Papa n'aime pas modifier son équipe.

Swann

: Mais on n’est plus au Moyen-âge !

Julia

: C’est un peu ça oui.

Swann

: En plus des vignes, tu vas hériter des ouvriers ?!

Julia

: Je connais la plupart des gars depuis que je suis toute petite. Ils avaient déjà les sécateurs de papa dans les mains quand j'apprenais à marcher.

Swann

: C’est sûr. (Silence). J’ai l’impression d’être un étranger ici. C'est vraiment bizarre.

Julia

: Il a un cœur d’or Lucas, mais tu comprends, la récolte, c’est une sacrée responsabilité. Ce n’est pas de la piquette qui sort des cuves.

Swann

: Quel foutu caractère !

Lucas

: C’est bien gamin !

Swann

: Je suis un teigneux. Je ne lâcherais pas.

Lucas

: Allez courage, tu vas t’y faire, c’est la première journée la plus dure.

Swann

: Aie. Doucement. Mes courbatures.

Lucas

(il change de ton, il essaie d'être amical et met une grande tape dans le dos de Swann) : Tu l’as dis. Le Château Duval, c’est clair comme de l’eau de source, ah ah !

Swann

: C’est vrai quoi, y’a rien à cacher ici…

Julia

: Il a raison. Pourquoi tu t’énerves…

Swann

: C’est que le travail est assez pénible, alors on essaie de se détendre un peu.

Lucas

(soupçonneux) : Ah oui... ? Si t’as des questions l’ nouveau c’est à moi qu’ tu les poses, compris ?

(Lucas se rapproche)

Julia

(elle crie) : Il ne fait rien de mal, Lucas. Il est curieux c’est tout.

Lucas

: Et le nouveau, je t’ai pas embauché pour que tu racontes ta vie ! Fiche la paix à Julia !

(La voix de Lucas, au loin)

Julia

: Ici on forme une famille. La réussite, on la partage.

Swann

: C'est un prince... (Songeur) : Les grandes années du Château Duval… Pour les vendangeurs...

Julia

: Et plutôt deux fois qu’une. Pour ses ouvriers il débouche ses meilleures bouteilles.

Swann

: Ton père paye sa tournée ?

Julia

: Le dernier soir, quand tous les raisins sont rentrés, et bien c’est à nous d’en profiter !

Swann

: Parce qu’après des journées comme ça, vous avez encore de l’énergie pour vous amuser ?

Julia

: C’est la grande fête des vendanges.

Swann

: Drôle de nom. C'est quoi ce truc ?

Julia

: Tu n'es pas mal non plus... Pour un parisien... J'espère que tu me feras danser pendant la poêlée...

Swann

: Avec les yeux que tu as, ça ne risque pas...

Julia

: J'espère que ça ne va pas te rendre timide !

Swann

: Tu es la fille Duval !

Julia

: Papa veut que je prenne la suite, et comme tout bon vigneron, je dois connaitre le métier à la source.

Swann

: Ouais… Je m’en serais quand même passé. (Silence). Et que fait un ange comme toi dans les vignes ?

Julia

: C’est le métier qui rentre.

Swann

: Deux coups de sécateur au mauvais endroit…

Julia

: On vient à peine de commencer et tu as déjà les doigts pleins de sang.

Swann

: Bien observé.

Julia

: Premières vendanges ?

Swann

: Comment ça ? (Silence).

Julia

: C’est difficile, mais le résultat en vaut la peine, crois-moi.

Swann

: Comment fais-tu pour garder le sourire ?

Julia

: Accroche-toi, ça va finir par passer.

Robert

: Je te l’ai déjà dis Swann, je ne plaisante jamais avec le Château Duval.

Swann

: C’est une blague ?

Robert

: Je ne voudrais pas qu’on te retrouve flottant dans les cuves.

Swann

: Vous en faites pas pour moi patron.

Robert

: Tu devras être très prudent, ce ne sont pas des débutants.

Swann

: Alors c’est d’accord !

Robert

: Ou de malhonnête...

Swann

: De surnaturel ?

Robert

: Plus le temps passe, et plus je me dis qu’avec le terroir de ce château il est impossible de faire un vin pareil. Y’a quelque chose de pas net.

Swann

: Qu’espérez-vous trouver alors ?

Robert

: Non, ce n’est pas son genre, il est de la vieille école.

Swann

(réfléchissant) : Vous pensez qu’il triche ? Ajout de levures aromatiques, chaptalisation, copeaux de bois ?

Robert

: Tu acceptes ?

Swann

: Si vous me prenez par les sentiments.

Robert

: J’ai entendu dire que les vendangeurs fêtaient la fin de la récolte avec les bonnes bouteilles de la cave. C’est l’occasion rêvée pour toi de jouer au roi du pétrole…

Swann

: Quand même… J’hésite… Et la déontologie alors ?

Robert

: Même dans les mauvaises années son vin reste excellent. C'est impossible de lutter contre les caprices de la nature, et pourtant Duval y arrive !

Swann

: Et vous avez besoin de moi pour ça ?

Robert

: Il refuse de se confier, alors nous allons lui tirer les vers du nez autrement.

Swann

: C’est de l’espionnage industriel que vous me demandez là !

Robert

: Je veux découvrir son secret, je veux connaître le petit truc supplémentaire qui rend son vin meilleur que tous les autres réunis.

Swann

(tout à coup très intéressé) : Et pourquoi rester anonyme ? Je sais que le propriétaire est une de vos vieilles connaissances, il suffirait de lui passer un coup de fil…

Robert

: Je ne plaisante jamais avec le Château Duval.

Swann

: Non mais, vous êtes vraiment sérieux là ?!

Robert

: Je veux que tu participes incognito aux vendanges de cette année. C’est un certain Lucas qui s’occupe du recrutement. Débrouille-toi pour te faire engager, et dépêche-toi, les vendanges commencent bientôt.

Swann

: Je ne vous suis pas…

Robert

: Oui, mais c’est à la source que j’ai besoin de toi.

Swann

: Mais vous venez d’écrire un papier sur le prochain millésime…

Robert

: Et bien c’est là-bas que tu vas aller enquêter.

Swann

: C’est le plus grand vin du monde. Pour le goûter, il faut être un roi du pétrole ou un sacré privilégié comme vous patron.

Robert

: Que sais-tu sur le Château Duval ?

Swann

: Allez-vous enfin m’expliquer !

Robert

: Tu as raison, excuse-moi, je suis perturbé.

Swann

: Mais pas du tout, je ne sais même pas de quoi vous parlez !

Robert

: Alors tu refuses ?

Swann

: J’essaye…

Robert

: Notre réputation est foutue si on te découvre, tu comprends ?

Swann

: Mais encore…

Robert

: Tu devras agir discrètement.

Swann

: Vous m’intriguez.

Robert

: En fait, c’est plutôt un service dont j’ai besoin.

Swann

: Vous pouvez me faire confiance. Alors ?

Robert

: Je vais te demander quelque chose de… Disons… Très spécial.

Swann

(très excité): Merci beaucoup, Robert. Vous verrez, vous ne serez pas déçu par mon article.

Robert

: Tu es jeune, c’est pourquoi j’ai pensé à toi. Tu vas enfin avoir l’occasion de te lancer dans le grand bain.

Swann :

De quoi s’agit-il patron ?

Robert

(criant toujours) : Jusqu’où ?

Pierre

: Très loin Robert, très, très loin…

Robert

(criant) : Et jusqu’où pourriez-vous aller ?

Pierre

(s’éloignant) : Je vais quand même vous donner un début de réponse pour votre article. Le vin doit passer avant tout. Pour lui nous devons être prêts à prendre tous les risques. Voilà, vous l’avez votre début de chronique.

Robert

: Peut-être, Lucas. D’ailleurs, je lève mon verre une dernière fois. Pierre, je bois à votre talent, vous êtes le plus doué des alchimistes !

Lucas

(méfiant) : Sans doute les effets de la dégustation, monsieur.

Robert

: Rien, je marmonnais, à nos âges…

Pierre

: Pardon ?

Robert

(bas, pour lui) : Nous nous reverrons bien avant.

Pierre

: Adieu Robert. Rendez-vous l’année prochaine.

Lucas (

il s’impatiente) : Monsieur…

Pierre

: Nul ne sait ni le jour, ni l’heure.

Robert

: Alors ne mourrez pas trop vite, j’ai encore besoin d’espérer.

Pierre

: Je ne peux pas vous empêcher d’essayer mon ami, mais faites-vous à cette idée : j’emporterai le secret dans ma tombe.

Robert

: Je finirais par le savoir, vous verrez.

Pierre

: Déjà, comme le temps passe…

Robert

: Oui, mais je patiente depuis vingt ans !

Pierre

: La patience est une vertu...

Robert

: Eh bien faites votre travail, j’attendrai l’année prochaine pour percer vos mystères.

Pierre

: ... Et de personnels. Nous recrutons les vendangeurs pour la récolte qui approche. Le soleil a fait mûrir les grappes plus vite que prévu.

Robert

: Je comprends, les soucis de production…

Pierre

: Je vais devoir vous laisser, Robert.

Lucas

(grognon et préoccupé) : Entre autres… Monsieur, il faut vraiment que vous veniez voir…

Robert

: Je suis content de vous connaître. C’est vous qui encadrez l’équipe maintenant que Marcel est à la retraite ?

Pierre

: Oui, oui, je vois, n’en dites pas plus (ironique), il y a des oreilles qui trainent. Mon cher Robert, je vous présente Lucas, mon nouveau responsable des vendanges.

Lucas

: Une erreur de planning...

Pierre

: Mais ils devaient arrivés cette nuit, non ?

Lucas

: C’est que… Il s’agit de … Enfin vous savez… La livraison… Ils viennent de loin…Ils n'attendront pas...

Pierre

: Que se passe-t-il Lucas ?

Lucas

: Monsieur Duval, je dois vous parler, c’est urgent.

Lucas, le contremaître fait irruption dans le chai. Il parait très soucieux.

Pierre

: Ils n’ont qu’à faire marcher leur imagination…

Robert

: Juste un indice, Pierre... Imaginez le regard de mes lecteurs si vous leur donniez l’impression de faire partie des initiés !

Pierre

: Allons, les secrets sont faits pour être gardés. Si chaque vigneron se mettait à me copier, il n’y aurait plus de magie à déguster mon vin.

Robert

: Alors aidez-moi à écrire les prochains. Confiez-moi votre secret de fabrication. Comment faites-vous pour garder cette qualité, même les mauvaises années ?

Pierre

: Vous savez bien que toute la profession ne jure que par vos commentaires de dégustations.

Robert

: C'est trop d'honneurs...

Pierre

: Oui, mais sans l'œil de Bacchus nous ne sommes plus rien. Ce sont les excellentes notes de votre guide qui ont contribué à ma légende. Votre plume, comme mon vin, est inégalable.

Robert

: J’ai l’habitude de vos cachoteries, c’est vrai, et de gouter votre vin. C'est lui qui a fait la réputation de mon guide...

Pierre

: Robert, pas de ces choses là entre nous, vous me connaissez.

Robert

: Et le prix du nectar des dieux ?

Pierre

: 6 000, pas une de plus !

Robert

: Votre Bourgogne est un des meilleurs vins du monde. C'est en partie pour lui que je refuse de prendre ma retraite, vous le savez, mais toutes ces bonnes années qui se suivent et se ressemblent pour le Château Duval… (Silence). Combien de bouteilles déjà ?

Pierre

: Mon terroir est exceptionnel, et je croise les doigts pour que ça continue encore longtemps.

Robert

: Mais chaque année…

Pierre

: Que voulez-vous, tout est une question de dosage, et de chance aussi.

Robert

: Chaque année le monde entier attend un faux pas, et chaque année c’est la perfection. Vous allez encore être très bien noté, comme toujours.

Pierre

: Pardon ?

Robert

: Comment faites-vous ?

Pierre

: Bien sûr.

Robert

: Je ne manquerais ça pour rien au monde, mais… Je peux vous poser une dernière question ?

Pierre

: Merci Robert. De la part d’un grand professionnel tel que vous, le compliment me touche. Rendez-vous l’année prochaine alors ?

Robert

: Des notes boisées, délicates. (Il goutte). Une belle concentration de tannins mais rien d‘agressif, et l’allonge… Elle est exceptionnelle… (Silence) Pierre, vous vous êtes encore surpassé cette année.

Pierre

: Et en deuxième nez ?
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15 juin 2007

COMME UNE ETOILE FILANTE

Alors voilà, c'est une nouvelle aventure qui commence... La BD !! Avec mon ami David Lavolée (croyez-moi, c'est un bon !). Ici, y avait un thème imposé  par les éditions du Lombard avec l'objectif d'être publié dans un ouvrage collectif : "osez, car l'impossible n'est qu'un pas après le possible".

couv

planche1

planche2

planche3

planche4

15 juin 2007

DES AMIS DE TRENTE ANS

Des amis de 30 ans

Un premier scénario, joué et diffusé sur France Inter au début de l'année 2006. Ecrire pour la radio, c'est vraiment chouette, pas de parasytes artificiels, juste la voix... Et le texte. Bonne lecture

Scène 1. Une conversation téléphonique entre Cathy qui est dans la rue avec son portable, et Margaux qui est dans son appartement.

Cathy : Coucou Margaux, c’est Cathy.

Margaux (elle baille) : Salut ma belle. J'ai toujours préféré être réveillée par une amie plutôt que par la radio.

Cathy : Désolée d’appeler si tôt mais c’est important. Tu te souviens de Jean ?

Margaux (silence) : Jean… Notre Jean ?

Cathy : Bingo.

Margaux : Ca fait dix ans qu'il a disparu non ?

Cathy : Oui, et je viens d'avoir de ses nouvelles.

Margaux : J'aime pas les revenants. Que veux-t-il ?

Cathy : Attends… Je vais te lire son petit mot (elle déplie une lettre). " Un ami de trente ans aimerait partager un déjeuner avec toi. "

Margaux : Rien d'autre ?

Cathy : Non... Juste un numéro de portable.

Margaux : Comment ose-t’il réapparaître !

Cathy : Tout ça c’est du passé, Margaux.

Margaux : Moi je n'oublie pas.

Cathy : Et moi je le reverrais bien. Il vient d'avoir trente ans. Il a dû changer.

Margaux : Si j'étais toi, je resterais loin de lui.

Cathy : Je l'ai aimé tu sais...

Margaux : Justement ! Et tu as souffert aussi. Fais attention aux mauvais souvenirs, Cathy.

Cathy : C'est loin tout ça.

Margaux : Je ne pense pas que les blessures soient refermées.

Cathy : Tu veux parler de la mort de Vincent…

Margaux : Bien sûr, et les autres pensent comme moi.

Cathy : Ils lui ont peut-être pardonné.

Margaux : Impossible. C'est quand Vincent a eu ce putain d'arrêt cardiaque ...

Cathy : ... Que Jean nous a laché.

Margaux : Et est-ce qu'il a pensé à Pauline ? On ne lui demandait pourtant pas grand chose. Juste d'être là...

Cathy : ... Et de la soutenir...

Margaux : ... D'être notre ami, tout simplement.

Cathy (affectée) : Je ne peux pas m’empêcher de pleurer quand j’y repense.

Margaux : La mémoire ne s’efface pas facilement, Cathy.

Cathy : Oui, mais je croyais avoir tourné la page.

Margaux : Tu te souviens des jours qui ont précédé l'enterrement ?

Cathy : Trop bien hélas.

Margaux : On était tous unis pour soutenir Pauline.

Cathy : Tous sauf un... Jean.

Margaux : Jean qui est simplement passé cinq minutes pour dire bonjour le soir du décès. Quel fumier !

Cathy : Arrête Margaux …

Margaux : Il n'a rien assumé. Quel lâche !

Cathy (elle pleure) : Arrête !!

Margaux : Un égoïste et un lâche !

Cathy (qui semble s’être calmée) : Et puis Jean a disparu… Pendant dix ans.

Margaux : Et il a bien fait, ça aurait pu mal finir.

Cathy : Ou a-t'il bien pu passer pendant tout ce temps ? Personne n'a plus jamais eu de ses nouvelles. C'est étrange quand même de disparaître comme ça.

Margaux : Moi je me fous de savoir ce qu'il est devenu.

Cathy : J’aimerai quand même le revoir tu sais. Je crois que je vais accepter son invitation.

Margaux : Tu es prévenue, Cathy…

Scène 2 : Un restaurant de quartier. Jean et Cathy déjeunent.

Jean (riant) : Sa tête quand elle t'as vu débarquer avec la figure pleine de ketchup...

Cathy : Ma mère n'a pas vraiment apprécié ce bizutage.

Jean : Surtout le " s'il te plaît maman, juste un p'tit don pour l'association des étudiants ".

Cathy : Elle ne s'était toujours pas remise de notre mise à pied.

Jean : C'est toi qui avait commencé la bataille d'oeufs devant les portes du bahut.

Cathy : On était complétement dingues.

Jean : Ouais, et on s'aimait aussi...

Cathy : T'étais plutot pas mal y'a dix ans.

Jean : Toi tu n'as pas changé.

Cathy : Si, c'est la vie qui s'en est chargée.

Jean (il fredonne) : " Hier encore, j’avais vingt ans, je n’avais pas le temps et jouais de la vie…

Cathy (enchaînant) : … "J’ai fait tant de promesses qui sont restées en l’air… "

Jean : Et que sont devenus les autres ?

Cathy : Antoine est médecin, Célia vient de lancer sa maison de disques, Pauline et Julien sont profs de philo, et Margaux galère.

Jean : Elle ne change pas.

Cathy : Et toi, où étais-tu passé pendant tout ce temps ?

Jean : Ce n'est pas important. Je me suis juste protégé en m'éloignant de vous.

Cathy : Tu te trompes de coupable.

Jean : Ah oui ?

Cathy : Le responsable de tout ça c'est toi.

Jean (qui se fâche) : Vas-y, balance ce que tu as sur le coeur. Je vais juste nous resservir à boire, je pense que l’on va en avoir besoin. (Il sert).

Cathy : Je ne voulais pas te vexer. Et puis si l’un de nous deux doit se mettre en colère...

Jean : C'est toi, c'est ça !

Cathy : Tu nous as abandonnés.

Jean (le ton monte) : Je vais éclaircir les choses, Cathy. Vous m'avez viré du groupe comme un lépreux, je ne l'ai jamais digéré.

Cathy : Tu ne m'apprends rien de nouveau.

Jean : Vous étiez pourtant ma famille de coeur.

Cathy : Tu oses parler de famille, toi le roi des égoistes.

Jean : Vous m'avez humilié le jour de l'enterrement.

Cathy : Par notre silence ?

Jean : Entre autre.

Cathy : Ce jour là, nous te haïssions.

Jean : Toi, tu savais que j'aurais tout fait pour lui.

Cathy : Vincent vivant oui, mais Vincent mort...

Jean : Vous m'avez méprisé.

Cathy : Tu le méritais.

Jean : J'ai failli me jeter dans la tombe ce jour là.

Cathy : Sois sincère pour une fois.

Jean : Vous m’avez volé le deuil de Vincent !

Cathy : Et en plus tu es devenu parano.

Jean : Peut-être, mais c'est à cause de vous.

Cathy : Tant pis pour les cafés, je crois qu’il vaut mieux en rester là. Ca va dégénérer.

Jean (il n’écoute plus) : Et moi, vous vous êtes mis à ma place ? Vous avez imaginé ce que je pouvais ressentir, seul face à la mort de Vincent, à un âge où l'on ne devrait penser qu'à baiser et à faire la fête.

Je suis quand même venu à l’église. J’étais assis dans le fond, pas question de m’exhiber comme vous au premier rang. Quand à la fin de la cérémonie je vous ai vus vous lever pour porter le cercueil…

Cathy : Adieu Jean.

Jean (il parle tout seul) : … Je me suis éffondré. J’étais le seul ami proche de Vincent à avoir été ignoré, bordel ! J'ai même pas pu porter son cercueil !

Un serveur : Je vous apporte l’addition monsieur ?

Jean (qui n’entend rien) : Le jour de mes trente ans j'ai décidé de tous vous revoir et de régler mes comptes avec vous.

Le serveur (il tousse et parle un peu fort) : L’addition monsieur ?!

Jean (qui émerge) : La jeune femme qui m’accompagnait est partie ?

Le serveur : Oui monsieur.

Jean : Alors tant pis pour elle…

Scène 3. Une rue discrète et calme, aux alentours de minuit.

Bruit de pas sur la chaussée. Antoine marche rapidement. Il est rejoint quelques secondes plus tard par Jean qui surgit par surprise derrière lui.

Jean : Bonsoir Antoine.

Antoine : Je suppose que ce n'est pas le hasard ?

Jean : Pourquoi ? Parcequ'il est tard, et que la rue est déserte ?

Antoine (légèrement irrité) : Qu’est-ce que tu fous là ? Tu m’as suivi ?

Jean : A peine. C’est ta secrétaire qui m’a donné ton emploi du temps. Elle a été très gentille lorsqu’elle a su que nous étions restés dix ans sans nous voir, elle en avait presque les larmes aux yeux. C’est une sentimentale, ta secrétaire.

Antoine : C’est donc toi le cinglé qui l’a secouée cet après-midi pour lui piquer mon agenda. Je pourrais porter plainte, tu sais.

Jean : Tu ne le feras pas… En souvenir de notre vieille amitié.

Antoine : Je ne te donnerai pas ce que tu es venu chercher Jean.

Jean : Ne t'en fais pas, ce n'est pas ton absolution que je veux.

Antoine : Si j’ai refusé de te revoir, c’est qu’il y a de bonnes raisons, tu ne crois pas ?

Jean : Si tu ne viens pas à Lagardère…

Antoine (il s’énerve) : Je n’ai pas envie de jouer avec toi !

Jean (froidement) : Calme-toi, Antoine.

Antoine : Disparais de ma vie !

Jean : C'est trop tard. Je suis revenu maintenant.

Antoine : Tu ne m'impressionnes pas avec ta façon de surgir de nulle part… Comme un assassin…

Jean : Tu ne peux plus reculer.

Antoine : Tu me menaces ?

Jean : Nous allons nous expliquer, comme je vais le faire avec tous les autres. Cathy a été la première à y passer.

Antoine : Va te faire foutre !

Antoine : Tire-toi, tu m’as compris ?!

Jean : Ne me touche pas !

Jean (très essoufflé) : Tu manques de rythme mon vieux. Il faut… S’entretenir… Même à trente ans… Allez viens… Je te ramène chez toi. Tu es lourd… J’espère que tu peux encore marcher. Voilà, c’est ça… Appuie-toi sur mon épaule. Tu habites toujours à deux rues d’ici ?

Scène 4. L’appartement d’Antoine. Trois heures du matin.

(On frappe à sa porte.)

Antoine (la bouche pâteuse) : C’est toi Margaux… Tu as fait vite.

Margaux : Je suis partie de chez moi dès que j’ai eu ton appel.

Antoine : Tu es une mère pour moi.

Margaux : Ca va, tu n’as rien de cassé ?

Antoine : Je sais pas, j’ai mal partout. J’ai du rester KO quelques heures.

Margaux : C'est Jean qui t'as remonté ici ?

Antoine : Je pense, oui.

Margaux : Tu devrais t’allonger.

Antoine : J’ai envie de vomir.

Margaux : Tu as bu trop de whisky.

Antoine : J'ai trouvé la bouteille sur la table en me réveillant. Il a dû s'en servir plus qu'un verre...

Margaux : Et savourer sa victoire.

Antoine : Je suis vraiment pas bien, je devrais peut-être appeler un collègue.

Margaux : Laisse tomber le toubib. Je vais m’occuper de toi. Tiens, je t’ai amené un petit remontant, comme au bon vieux temps.

Antoine : Si tu me prends par les sentiments…

(Silence.)

Antoine : Pourquoi est-il revenu ? Que voulait-il ?… Ca fait si longtemps…

Margaux (songeuse) : Si je le savais… Il n’a vraiment rien dit ? Essaye de te rappeler.

Antoine : On n’a pas vraiment eu le temps de se parler.

Margaux : Et pourquoi remettre cette vieille histoire sur le tapis ?

Antoine : Quand je pense à Vincent, je me sens tellement mal…

Margaux : Ne rentre pas dans son jeu. Tiens, bois, ça va te faire du bien.

Antoine : Merci d’être là, Margaux.

Margaux : De rien. J’espère que Cathy va bien elle aussi. Jean a dû aussi tenter de l’impressionner. Elle n'a pas donné de nouvelles depuis leur rendez-vous et ça m'embête. Je vais encore lui passer un coup de fil et j'espère qu'elle va décrocher cette fois.

Cathy : Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Cathy. Laissez-moi un message après le bip sonore et je vous rappellerais dès que possible.

Margaux (inquiète) : Cathy, c’est Margaux. Je suis inquiète. Je suis passée chez toi, il n’y avait personne. J’hésite à appeler tes parents, je ne voudrais pas leur faire peur, surtout si tu es partie en week-end prolongé avec un beau ténébreux… Non sérieusement, rappelle-moi, je me fais du souci. Bon, je t’embrasse, et n’oublie pas de rassurer ta vieille copine.

Scène 5 : Un commissariat, le bureau d’un inspecteur.

Margaux : Je viens de recevoir la mienne, mon invitation pour la mort.

L’inspecteur : Nous ne sommes pas sûrs qu’il soit coupable. Sa garde à vue n’a rien donné. Quarante-huit heures sans craquer, si c’est vraiment lui l’assassin, il est très fort. Je l’ai pourtant interrogé durement, j’étais certain qu’il avouerait en le secouant un peu… Mais il n’a rien dit. Le plus étrange ce n’est pas son silence, c’est qu’il semblait n'être pas concerné par la disparition de vos amis. Il m’a dit " Pour moi, de toute façon, ils étaient déjà morts ".

Margaux : Il est froid, indifférent, et cruel.

L’inspecteur : Et puis il y a le mobile qui m’agace. Enfin ce n’est vraiment pas sérieux de tuer d’anciens amis pour une vieille brouille.

Margaux : Il n’y a pas de prescription pour les sentiments. La vengeance se rumine, elle se prépare jour après jour. On laisse la haine monter, on a besoin de sa force pour agir. ? propos, il vous a dit où il était passé ces dernières années ?

L’inspecteur : Oui, plus ou moins, mais sa disparition pendant tout ce temps reste une énigme. Pas d’adresses, pas d’emplois, rien de concret. Il m’a dit avoir voyagé un peu partout et que je devais considérer son absence prolongée cela comme une sorte d’année sabbatique à rallonge.

Margaux : Et avec quel argent ?

L'inspecteur : Apparemment, un héritage. Nous sommes entrain de vérifier.

Margaux : Pour moi, il les a tous tués : Cathy, Antoine, Célia, Julien et Pauline. C’est un cinglé.

L’inspecteur : Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a qu’un seul tueur. Les victimes sont mortes empoisonnées de la même manière.

Margaux : Un poison facile à glisser dans un verre lors d’un déjeuner de retrouvailles… Ou de représailles.

L’inspecteur : Il n’y a pas de motifs sérieux, pas d’empreintes, pas de témoins. Je crois que vous êtes notre seule chance de l’épingler.

Margaux : J’ai peur de vous comprendre…

L’inspecteur : Je sais que cela est dangereux mais vous devez accepter son invitation. Faites-le pour vos amis, comme ils l’auraient sûrement fait pour vous.

Margaux : J’hésite…

L’inspecteur : Nous serons là, près de vous. Mes hommes seront cachés parmi les clients et les serveurs. Nous interviendrons au moindre geste suspect. Vous devrez simplement veiller à ne rien avaler.

Margaux : Ce n’est pas le risque qui me fait peur mais c’est de le revoir lui.

L’inspecteur : Pensez au futur. Vous ne serez jamais tranquille s'il reste en liberté. Appelez-le.

(Elle compose un numéro, on entend la tonalité.)

Jean : Allô ?

Margaux : Jean, c’est Margaux.

Jean : Je suis content que tu rappelles. Tu es la dernière sur ma liste.

Margaux : C’est d’accord pour le rendez-vous. Demain soir, huit heures au café des amis.

Jean : Un bien joli nom pour nos retrouvailles. Et à part ça, comment vas-tu ?

Margaux : Je n'ai pas envie d'en parler. A demain.

(Elle raccroche.)

Scène 6 : Un restaurant à l’heure du dîner.

Jean : Tu ne manges pas.

Margaux : Je n’ai pas faim.

Jean : Dommage les pâtes sont al dente.

Margaux : Ce qui s'est passé m'a coupé l'appétit.

Jean : Tu veux parler de la mort de tes amis ?

Margaux : A ton avis ?

Jean : Désolé mais je n’arrive pas à être triste. J'ai d'ailleurs des révélations à te faire.

Margaux : Je suis curieuse de les entendre.

Jean : J’ai ma petite idée sur ce qui est arrivé.

Margaux : Tu as toujours eu de petites idées... Je t'écoute.

Jean : Je termine mon assiette et je me lance dans les explications.

Margaux : Tu as des principes maintenant. C'est nouveau.

Jean : J’ai horreur de manger froid.

Jean : J’ai une drôle d' impression.

Margaux : Laquelle ?

Jean : Nous sommes surveillés.

Margaux : Qu'estce-qui te fait dire ça ?

Jean : Les deux types derrière toi ont vraiment des gueules de flics.

Margaux : Tu ne changes pas. Toujours aussi paranoïaque.

Jean : Je savais que viendrait l’heure des insultes.

Margaux : C'est la vérité.

Jean : L'offensive est lancée...

Margaux : Nous ne sommes pas en guerre.

Jean : Je voudrais savoir pourquoi tu me détestes autant ?

Margaux : Parce que tu l'ignores ?

Jean : Non, tu as raison. Mais cela n’a rien à voir avec la mort de Vincent ou avec celle des autres.

Margaux : Et pourquoi alors ?

Jean : Nous n’en sommes pas encore au dessert, patientons.

(Il continue de manger.)

Ca m’étonne que tu ne veuilles rien avaler. Tu sais pourtant qu’avec moi tu n’as rien à craindre.

(Silence.)

Jean : Tu t’es jetée dans ton propre piège en convoquant les flics. Tu pensais sûrement pouvoir te débrouiller pour me faire porter le chapeau.

Margaux : Je ne te suis pas.

Jean : Tu ne peux pas m’empoisonner comme les autres puisque c’est toi qui dois être la prochaine victime.

Margaux : Pauvre fou, tu dérailles complètement.

Jean : C'est vrai, je ne vais pas très bien, et je suis loin d’avoir ton sang-froid.

Jean : Tu ne devrais pas avoir trop de mal à couper le micro caché sous ta veste. Ces petites bêtes sont plus fragiles que ton vieil ami.

Margaux : Et moi qui croyais que tu culpabilisais depuis dix ans.

Jean : Oui, je l’ai fais. J'ai même souvent pensé au suicide. Vous avez failli avoir m'avoir.

Margaux : Je regrette d'avoir laissé échapper cette occasion...

Jean : Je sais bien que si tu avais été la seule à décider...

Margaux : Les autres avaient des scrupules.

Jean : Alors que toi... A propos, est-ce que tes amis continuaient à se droguer ? C’est un petit trafic qui devait pas mal te rapporter.

Margaux : Ma patience a des limites.

Jean (toujours très calme) : J’ai de la mémoire, Margaux. Je n’oublie pas que nous nous défoncions régulièrement grâce toi.

Margaux : Des erreurs de jeunesse.

Jean : Bien sûr… Tu te rappelles que je me suis éloigné du groupe quand vous avez commencé à attaquer l’héroïne. Il aurait suffit d’autopsier Vincent pour comprendre de quoi il était mort.

Jean : Allons, reste assise, joue ta comédie jusqu’au bout sinon tu vas finir par paraître suspecte. Ce que Vincent s’est injecté ce soir là, c’est toi qui lui avait fourni n’est-ce pas, à prix d’amis ?

Margaux (elle chuchote) : Je n’étais pas leur mère et s’ils voulaient se défoncer ce n’était pas mon problème. Ces fils de riches puaient le pognon et moi j’étais la gentille petite débrouillarde que l’on acceptait dans le groupe. C’était branché d’avoir comme amie une fille avec des parents au RMI, une chic fille qui pouvait se procurer facilement toutes les drogues dont vous rêviez. Et vous, vous aviez du fric plein les poches, ne sachant pas quoi en foutre. Je vous vomissais.

Jean : Tu nous as utilisés.

Margaux : Vous ne méritiez pas mieux que de crever comme des camés !

Jean : C’est quand tu as tué les autres que j’ai enfin compris les véritables raisons de ma mise à l’écart. Il ne fallait pas qu’il devine, Jean. Il ne fallait pas qu’il parle, Jean. Trop tendre, trop fragile, pas assez " camé ".

Margaux : T’es moins con que je ne le pensais.

Jean : Je suis lucide.  C’est ma réapparition dix ans plus tard qui a mis le bordel dans vos petites vies bien rangées. J’ai fait remonter des souvenirs enterrés. Ils ont dû commencer à vouloir parler. Tu étais la seule à risquer gros.

Margaux : Et maintenant ? Jamais personne ne croira ton histoire. J’ai un inspecteur dans la poche et je n’ai qu’à claquer des doigts pour qu'il t'arrête.

Jean : Ne te gêne pas.

Margaux : Inspecteur ! Inspecteur !

L’inspecteur : Je suis là.

Margaux : Il m’a menacé. Ce cinglé a dit qu’il allait me tuer.

Jean : Bonjour inspecteur. Décidément, on se croise souvent en ce moment.

L'inspecteur : Vous ne vous défendez pas ?

Jean : Seuls les coupables le font.

Margaux : Je suis sûre de moi. J'étais à deux doigts d'y passer.

L’inspecteur : Malheureusement Margaux votre micro s’est coupé pendant le repas et nous ne pouvons pas le prouver.

Margaux : Mais il n'y a rien à prouver... C'est un assassin... Vous étiez d'accord l'autre jour au bureau.

L'inspecteur : Par contre… Celui de Jean a bien fonctionné.

Margaux : Je ne saisis pas…

Jean : C’est histoire de l’arroseur arrosé, Margaux.

L’inspecteur : Grâce à lui nous avons tout enregistré.

Margaux : A quoi jouez-vous inspecteur ?

L'inspecteur : Je fais mon métier c'est tout, et je suis mes intuitions.

Margaux : Vous m'avez utilisé ?!

Jean : A chacun son tour de l'être, Margaux.

L'inspecteur : Pour découvrir la vérité Margaux, et pour obtenir vos aveux.

Margaux : Mais… Enfin… Inspecteur… Vous n’allez pas croire ce qu’il… Ce manipulateur…

L'inspecteur : Et pourtant... Je crois que nous venons de refermer ce foutu dossier.

Jean : Tu aurais dû manger, Margaux. Je ne pense pas que les pâtes soient al dente en prison.

Margaux : Non. Pas comme ça… Un piège… Vous m’avez piégée !

Jean : Dans cette histoire tu seras ma seule victime, Margaux.

Margaux (elle hurle) : Lâchez moi ! Vous ne pouvez pas, pas maintenant ! Non !

L’inspecteur : Ca n’a pas été facile. Merci d’avoir permis son arrestation.

Jean : Avais-je le choix ?

L'inspecteur : C'est vrai, c'était la seule façon de vous disculper.

Jean : Vous êtes un homme intelligent inspecteur, un vicieux aussi.

L'inspecteur : J'adore jouer avec les nerfs des suspects.

Jean : Je crois que Margaux va être dure à calmer.

L'inspecteur : La perpétuité soigne l'hystérie.

Jean : Si vous le dites...

L’inspecteur : Qu’allez-vous faire maintenant ?

Jean : Me reconstruire, et essayer de me faire… de nouveaux amis.

Jean : Adieu inspecteur.

Chanson de Charles Aznavour Hier encore (extrait)

(Il se lève.)

(Elle est emmenée, sa voix diminue.)

(Elle se lève, tente de s’échapper, se débat puis est ceinturée.)

(Il arrive.)

(Elle appelle.)

(Margaux fait mine de se lever.)

(Margaux s’agite sur son siège.)

(Il mange. Bruits de couverts).

(Elle raccroche.)

(Margaux compose le numéro de Cathy sur son téléphone portable.)

(Ils s’en vont.)

(Ils se battent.)

(Antoine se saisit de Jean et commence à le molester.)

(Silence.)

Antoine ne s’arrête pas. Jean marche à ses côtés.

(Silence.)

(Elle sort

).

(Silence.)

(Silence.)

(Elle raccroche.)

(Silence.)

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